13/03/2008

Foutu porteur de pancarte

Jean-Marie, retraité, des sillons autour des yeux. Sous ses grosse lunettes. Ancien ouvrier du textile, militant au parti communiste depuis toujours et cégétiste à toute épreuve. Délégué syndical toute sa carrière, il s'active aujourd'hui pour le syndicat de retraités. Ses amis disent de lui qu'il est un "foutu porteur de pancarte".

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Jean-Marie vit à la Bourgogne depuis la naissance du quartier, au milieu des années soixante. Il a connu le quotidien difficile des années 80, avec l'arrivée de la drogue dans le quartier, avec la violence et les cambriolages à répétition.
Il reconnaît l'importance du travail accompli par l'ancien maire PS, Jean-Pierre Balduyck. "En 19 ans, il a vraiment réussi à sortir le quartier du ghetto. Par exemple, grâce à l'arrivée de la médiathèque, du métro et de l'office HLM. Et le métro a permis de faciliter la communication avec le centre de Tourcoing"

Il me parle du quartier d'avant. Celui qui n'avait aucun espace vert. Pas un arbre, pas un bout de pelouse. La place de la Bourgogne était encore totalement piétonne, enclavée, à l'ombre, autorisant tous les trafics. "C'est vrai que le quartier s'est amélioré." Changements d'importance: la coupure de la place de la Bourgogne, traversée dorénavant de part en part par la rue Roger Salengro. L'installation de la Poste, de la mission locale, d'un supermarché. "D'un coup, on a eu l'impression d'exister".

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Pour Jean-Marie, ce qui sauve le quartier, c'est son tissu associatif: "Depuis 20 ans, les centres sociaux et les assos ont donné aux gens la possibilité de s'exprimer, et d'exister. Ils parlaient enfin, et les gens reconnaissaient pour la première fois qu'il y avait un malaise." Jean-Marie est membre de plusieurs associations. Il connaît les jeunes du coin. "Je les rencontre facilement sur le quartier. Ils savent que je fais partie d'associations. Certains de ces jeunes, que j'ai connus adolescents, sont parents maintenant. On arrive bien à dialoguer".

Il reconnaît que le quartier n'a pas toujours été aussi serein. "Il y a eu des moments durs. Un climat de tension et des violences permanentes. Surtout en 1989, il y a eu des émeutes terribles, pour le premier mandat de Balduyck."

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Même si le PS est arrivé bien en tête dimanche dernier (Michel-François Delannoy a remporté 53% des suffrages), le Front National a une emprise importante sur le quartier. "Cela fait des années que je fais les dépouillements sur le quartier. Le FN n'est jamais mal placé, autour de 15% des voix. A cause du climat, les gens ont peur, peur de se faire agresser."

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